jeudi 21 mai 2009

Le Bonheur

(pour moi, pour vous, parce que c'est tellement doux, voici ...)

Le bonheur

Il faut aimer le bonheur avant tout,
L'eau qui se froisse sous le vent,
La grappe rose et cette pêche d'août
Qu'un ange apporte à l'enfant.

Il faut aimer la peur dans les couloirs,
Les albums avec le singe et l'ours,
La pelouse avec ses deux miroirs
Où tombe le jour.

Voici le cerceau sous les marronniers bleus :
Vers la clairière rouge il court encor,
Et la barque de bois qui servait à nos jeux
Appareille quand je dors.

Il faut aimer le sommeil qui nous rend
Le pain, le sel, le bonheur oublié,
Le jour de mai sur les buissons luisants,
Et l'enfant aux groseillers.

- vous en connaîtrez l'auteur; que cela vous stimule pour aller en
relire et poèmes et romans. vous ne le savez pas; alors nous risquons
d'avoir du chemin à faire pour nous rencontrer -


Envoyé depuis l'archipel des Internettes, un soir de mai dont l'air
est si doux que, fenêtres ouvertes sur la ville, cette jeunesse vous
revient par surprise.

vendredi 10 avril 2009

Je ne suis pas mort... Je dors

Contrairement à Notre Seigneur, dans le silence de la mort duquel nous entrons ce soir, je suis, moi, sur ces internets juste un peu assoupi. Et vais le rester, en vertu dudit silence.

Mais il est tout de même important de passer ici rapidement faire un peu les poussières et remettre les bibelots d'aplomb.
Et vérifier qu'aucun fâcheux n'est entré par derrière en cassant une vitre pour boire le white-spirit et bouffer deux bouts de saucisson.

L'ambition aura été un peu sotte, de songer que l'on aurait pu, ces derniers temps, poser quelques billets que ce soit sur les internets.
Il s'est passé tant de choses, de tous côtés, qu'il n'est resté aucune minute libre pour l'écriture, ou simplement la notule ou la brève.
Des enfants qui naissent, des parents qui partent, du travail, à faire et refaire, des nuits courtes et des jours tristes et longs, des voyages, allers-retours rapides sous la mer, ou grands déplacements intercontinentaux, qui s'annulent aussi.
Et encore une actualité chargée, n'est-ce pas, entre points de droit canon liés l'unité de l'Eglise, avions pontificaux desquels les messages arrivent déformés par des journalistes pourtant fort soucieux de leur métier, bien sûr, ou rumeurs qui courent depuis le Brésil, bref, beaucoup de bonnes choses en fait, car on a pu compter ceux qui savent encore se tenir droits et tenir, témoigner. Nous nous sommes découverts nombreux dans notre fierté et notre fidélité. Mais cela offrait beaucoup à lire et à commenter, en d'autres lieux que ces petites pages, qui n'existent vraiment que pour les rares choses que j'aurai parfois à dire.
Et, surtout, une nouvelle tête dans nos chères têtes blondes, un petit gars tout beau qui rentre chez nous et nous dit "ici, c'est chez moi aussi, soyez mes parents". Et l'émerveillement reprend, comme au premier jour.

Donc je cesse mes bavardages, vais laisser le silence retomber, avec une bonne raison, cette fois, pour attendre le troisième jour.

Alors, si vous passiez par là, je venais juste vous souhaiter des fêtes de Pâques pleines de joie et d'espoir.

mercredi 4 mars 2009

Y a t-il provocation si l'on s'en fout complètement ?

Voir "La Villa Medicis provoque le Vatican" chez "L'Express", le pseudo nouvel-obs pour libéraux modernes.
Alors, le point d'information, c'est que, comme chaque année, la Villa Medicis organise sa fête ("à l'occasion de la traditionnelle fête des pensionnaires organisée par l'Académie de France chaque année").
Mais avec un twist. Et oui, c'est fois-ci, on en fait un "temple de la contre-culture française: Moulin Rouge, c'était le thème."
Or, çà, quelle intrépidité dans l'audace. J'en reste ébahi.
Mais la provocation is in the eye of the beholder, je pense... Donc dans la plume fatiguée (après un tel week-end de fête) de Mahaut Chantrel, qui cherche à faire de l'info sans info (le vatican, ça vend, coco, va-z-y, tape-z-y dessus, on aura l'air libéré) et à défrayer son billet aller-retour pour la ville éternelle.
Ainsi, la Villa se transforme en "le lieu-saint de Pigalle au coeur de Rome". Admirez le choix précis du vocabulaire. (moi-même j'habite près de Pigalle, et n'arrive toujours pas à en voir le lieu mythique qui justifierait les marronniers qu'en fait la presse)

Sinon, cherchez bien, mais de provocation réelle, il n'y en a pas.
Il faudra lui dire, à Mahaut, que les fêtes romaines sont souvent de grande ampleur, avec mise en scène et personnages hauts en couleur. Et que cette fête là, à part flatter notre chauvinisme (voire notre gallicanisme ?) en montrant que les zartistes frônçais savent en mettre plein la vue aux romaines et aux romains, et qu'ils n'ont pas peur de danser le French Can Can Can sous les balcons du Pape (nah, ça lui apprendra à desexcommunicationnater des fachissses).

Heureusement, on arrive à sourire, grace à la conclusion:
"Au loin, derrière la Piazza del Popolo, le Vatican, masse de marbre blanc et son imposante coupole, semble scruter la galerie qui l'ignore... Superbement."
Oublions le zeugma, et notons simplement la typo: il fallait lire:
"semble scruter la galerie... qu'il ignore superbement."

mardi 24 février 2009

Dans le poste, un peu de vie

Hier au soir, sur une chaîne privée dirigée par des gars qui ne savent pas s'ils sont réacs, ou s'ils veulent vendre de la lessive au populaire, on a eu droit à une émission parfois, hélas, ambivalente, mais qu'il faut relever, parce qu'il est peu courant de voir des choses positives dans le poste à heure de "prime time".

(Je chercherai à peine à excuser ma présence devant une télébision à une heure de grande écoute, je possède à la maison une véritable super-héroïne, une femme grandement enceinte, qui file encore au travail en hauts talons —ces mêmes talons qui "luttaient avec les longues jupes"—, et qui donc se vide la cervelle, le soir, au moyen d'une télécommande. Elle y a droit, elle est la seule à vraiment travailler dans cette maison.)

Donc.
Un titre faussé, "un bébé à tout prix", pour introduire finalement deux exemples d'amour et de vie (que ce titre tente de rendre illogiques, sans doute. Mais c'est le seul procès qui sera fait à ces situations, car on laisse parler les parents et ce qu'ils disent est sain).

On va découvrir tour à tour
- une mère adolescente,
- des parents attendant leur septième enfant, lequel s'avère trisomique.
- un couple plus âgé, qui va aller chercher une petite puce à adopter en Haiti.
- une mère enceinte de triplés (sans FIV, à noter).
- deux lesbiennes encouplées, dont l'une va se faire inséminer en Belgique.

Ce sont les deux premières familles (car c'est bien de "familles" qu'il s'agit là) qui sont exemplaires, dans leur façon de gérer la vie telle qu'elle va, ou telle qu'elle arrive.

Pour la mère ado, on confirmera que le planning familial n'a finalement qu'une seule solution à tous les problèmes, l'avortement. Sans même regarder le contexte ou chercher à donner de vrais conseils. Mais on le savait.
En revanche, il faut une mère pour oser dire les choses justement, sans brusquer une fille adolescente et sans doute un peu perdue.
"Ma fille m'a dit : Maman j'ai été voir le planning familial et ils m'ont dit 'il n'y a qu'une seule solution, il faut avorter'. Alors, je lui ai dit : Tu as le choix, et si tu veux le garder, je te soutiens. Une famille c'est là pour ça"
Difficile d'arriver à pousser dans le sens de la vie, sans ordonner, sans braquer. Je suis admiratif de cette mère, qui a su ouvrir la porte et aider sa fille l'air de ne pas y toucher.
La même qui plus tard confiera "Un bébé, c'est la vie. Une IVG, c'est la mort. Et moi, je suis pour la vie."
C'est dit, discrètement, modestement. Chapeau. Et pas coupé au montage.
L'espoir renaît presque pour la tévélision moderne.

Pour le septième enfant, adorable petit chou, une famille touchante et solide l'attend. Des parents étonnants de sobriété et de logique. Des frères et soeurs riants, heureux, des enfants qui semblent bien dans leurs pompes.
Et un dialogue plein de justesse avec l'oncle et beau-frère, qui parle la voix de la raison moderne (celle qui s'empreint de justesse et de générosité truquée "moi je pense à vous d'abord, à votre couple, et à vos enfants") et auquel les parents répondent par l'amour ("si on te le met dans les bras, tu le rejetteras, ton neveu trisomique?" "bien sûr que non" "alors, tu vois il est déjà là" ). Pas d'arguments théoriques, pas de discussions, juste l'amour.
L'espoir grandit pour la tésélivion moderne.


La petite fille d'Haiti, adoptée par ces parents tout blancs (gris et tristes, presque, face à la petite, jolie et à la peau très noire) nous interroge un peu sur cette pratique qui va consister à aller chercher au bout du monde un enfant...
J'apprécie que cette fillette échappe à la misère, à la pauvreté, etc. Mais n'y a-t-il donc pas d'enfants ici qui attendent des parents aussi ? A-t-on fermé tous les orphelinats français ? Aller chercher dans le tiers-monde une enfant permet de parer son geste des atours de la générosité et de la "solidarité" mondialisante, certes. Et reflète sans doute le parcours du combattant de l'adoption en France.

Pour les triplés, le reportage relève de l'anecdote, ou de la mini-télé-réalité, pas de leçons à en retenir (à part qu'il faut noter que ce sont bien des triplés "normaux", et non issus d'une fécondation assistée, comme toutes les grossesses multiples semblent l'être de nos jours), je passe.

Et nous zappons sur les monosexuelles, qui appelleront leur fille Lilly-Rose, ça n'est pas gagné pour cette enfant. Là le titre se justifie, un bébé à tout prix. Et on vous remet une couche sur cette injustice profonde pour cette deuxième maman, qui l'aime sa "fille" mais qui n'a droit à rien comme droits etc... Je veux rester charitable et sur les bonnes impressions des cas ci-dessus, alors oublions.


Donc au final, deux témoignages forts, et grande qualité des deux familles croisées au cours de l'émission.
Le carême s'annonce pas trop mal.


Si vous avez un peu de temps à perdre, on peut retrouver l'émission (mais la voix off et le montage sont assez insupportables) sur le site d'une petite chaîne qui "monte". Sur leur site "rejouer point comme" en anglais dans le texte.

On allait oublier...

... pour les six visiteurs égarés sur ces notes :
allez signer là !
On l'avait signé il y a quelques temps, mais il ne faut pas oublier d'enjoindre ceux à qui cela aurait échapper.

Et, donc, bon mardi gras. Un beau carême s'annonce.

lundi 23 février 2009

"Dear Elena"

Il y a trois ans, une petite fille, que ni vous ni moi ne connaissions, mourrait subitement.
Elena avait six ans. Une petite soeur et deux parents.

Le père, qui travaille dans les internets et raconte, d'habitude, de la technologie, s'est mis, chose étonnante, et un peu dérangeante de prime abord, à tenir un journal, le jour d'après cette mort d'enfant.
Une sorte de blogue, oui, sous-titré "Hope & Sadness", "Espoir et tristesse"...

On aurait pu craindre l'exhibitionnisme, le voyeurisme, ou les larmes faciles démultipliées par les interouebes.
Ou encore les questions vaines, le désespoir, ou le "religieusisme" à l'amérlicaine.

Mais ce grand Monsieur, qui sait tenir une plume, a su naviguer, éviter ces écueils, et expliquer cette courte vie d'enfant, ces petits bonheurs, et, finalement, en faire un hommage à une enfant, étonnamment présente et vivante.
On comprend qu'il est extraordinairement heureux de l'avoir eue, cette petite fille, même si profondément marqué de l'avoir perdue si vite.

Si vous lisez l'anglois, ce sont les mots les plus lumineux, les plus touchants, les plus emprunts d'amour paternel, de tendresse et, paradoxalement, de véritable joie, que j'ai eu le bonheur de lire depuis longtemps.

Elena est morte il y a trois ans. Hier.
Et de lire ces lignes, ma gorge se serre, mais, en même temps, un sourire léger flotte sur mes lèvres. Cette enfant rend heureux par les mots de son père.

Je suis un grand sentimental, je sais.
Devenez le, vous verrez, c'est une forme de joie:
Dear Elena >

Je poste ici ceci, parce que l'Espérance se lit entre les lignes de Daniel Steinberg. Et que, d'Espérance, on n'en a jamais assez en ce monde.

jeudi 12 février 2009

Respect ?...

... humain.
Un terme que l'on n'entend plus guère, et pourtant, si paradoxal et si utile.

Merci à François Miclo, de le rafraîchir à nos oreilles déculturées, dans cet article chez Causeur, salon où je traîne avec un plaisir parfois convenu, mais que je ne bouderai pas.

Nota: je trouvais l'article sympathique, par la forme et son côté enlevé, mais, sur le fond, les jurisconsultes sont encore en séance de capillisection. Et il semblerait que Miclo se plante, Monsignore W. est successeur apostolique. Toujours est-il que j'aime cette notion surannée de respect humain, terme que nous entendions dans des prêches en province, durant nos enfances...


P.S.: message à Causeur: les commentaires, dans l'ordre chronologique inversé, sont fort pénibles à parcourir. Changez-moi ça, j'ai d'horribles migraines à tenter d'y suivre les conversations.
P.P.S.: En même temps, l'on conviendra que ces conversations de salon ne sont pas forcément très intéressantes dans ce lieu-là, étonnamment.

lundi 9 février 2009

À Dieu

Une jeune fille est morte.
Il y a longtemps de cela. Dit-on.
Et puis, ce soir, encore, de faim et de soif, son corps s'est éteint.

Est-elle morte deux fois ?

J'ai simplement noté que, par un retournement de la pensée dont le Moderne a le secret, des gens animés de compassion et qui savent les enjeux que ces débats ont pour notre humanité (la part de nous qui est mortelle), ont été, plus ça change, moins ça change, travestis et dépeints comme d'affreux rétrogrades dogmatiques, qui veulent la souffrance et rejettent la "dignité"...
S'ils savaient... Ils le regretteront un peu, les Modernes, quand leurs petits enfants viendront tirer sur la prise, parce que, "hein, Mamie, on sait que tu souffres, on sait ce que tu endures", et que Mamie, coincée dans sa bulle, entendra ces voix qui la faisaient sourire en elle-même, ces voix de petits qu'elle aimait tant, lui dire: "allez ciao, c'est pour ton bien, (et puis pour arrêter ces factures)..."

Allez, donc, bonne dignité à tous, hein.

Ce soir je reste à jeun. j'ai l'estomac retourné.