jeudi 15 janvier 2009

Ah, vous étiez là ? Et bien, euh, entrez donc cinq minutes.

"Ah, bah, la magie des interouèbes, ah ça, quand même, hein".
(Ginette, tabaconiste.)


On est tranquille, comme on est souvent, en jeans troués, avec un vieux ticheurte tâché (sur lequel on devine un vieux pochoir de fleur-de-lys délavé, on a été jeune et un peu bête), la Dunhill rouge au bec, un peu de musique et un vieux cendrier pour toute compagnie.
On est en train de, benoîtement, sans se presser, faire un peu de peinture et réflechir à l'aménagement.
Car on a trouvé un pas-de-porte sympa. On a un peu de temps libre, alors on se dit, on va ouvrir une petite échope, pas grand chose, un estaminet pour pouvoir soi-aussi accueillir et rendre la pareille à tous ces gens qui auront prêté leur compagnie sans le savoir, pour essayer de jouer le jeu, de s'exposer un peu, en html anonymisé (ou presque, Patriot Act et LCEN obligent).

Et tiens, du coup, on remonte le rideau pour pouvoir avoir de la lumière pendant les travaux, sinon on va pas arriver à faire ce ton sur ton si élégant qui rend bien sur les échantillons.
Évidemment, pour pas faire trop tristounet, on a collé sur les vitres encore sales quelques posters et une notule, de la posture à l'économique, histoire de faire un peu jaser les passants, agacer le bourgeois quoi. Le contenu, on n'en a pas encore la queue d'une idée, mais on postule un peu, pour faire genre.

Et voila que, dans l'espace d'une couple de jours, commence à passer du monde.
Qui vous salue, qui passe une tête, qui regarde autour, moue approbatrice, qui même commente. Sur quoi? Sur rien, à votre honte grande, car soyons honnête, y pas grand chose à voir ni dehors, ni dedans (je le sais, je remonte de la cave et y a pas plus que dans l'arrière boutique, où trainent quelques bouquins, deux trois films, des notes sur papier pelure et un sabre de cavalerie...).
A l'heure où on vous parle (et il se fait tard, ma vie m'attend), on ne sait même pas si on aura quelque chose à offrir, à part un brin de causette et des observations de comptoir à la petite semaine.

Mais, bon, la surprise laisse la place au plaisir, ces égarés qui passent sont sympathiques, et, même, déjà armés de conseils, avisés ou, au moins, amicaux.

Enfin, l'on comprend d'où ils vous viennent, ces camarades de fortune. C'est Monsieur de Plusse de La Fromagerie des Moisissants, dont l'adresse se repasse dans les cercles que vous hantiez discrètement, qui vous a fait l'honneur immérité de prendre cette façade encore creuse comme le prétexte d'une réflexion sur la jeunesse, le temps qui passe, les anciens combattants, le renouveau et la nostalgie.

C'en est gênant, des petites pages comme celle-ci, il s'en ouvre sans doute une grosse par jour, il s'en ferme aussi vite autant. La vôtre n'a pas d'attrait particulier, la déco vient d'un catalogue par correspondance, et l'hôte ne sait pas vraiment si il va pas se faire engueuler par sa (pourtant délicieuse) femme, s'il lui dit ce soir d'où il revient tout emplatré et poussiéreux.

Alors, ce qui est certain, c'est que, pour une entrée en matière, ça a placé la proverbiale barre assez en hauteur, et on semble attendu, maintenant.

Tout ça sans avoir encore rien dit.
C'est malin, ça. On vient de se rajouter le trac à l'angoisse de la page (de blogue) blanche.

De toute façon, si vous êtes déçu, vous resterez discret, je compte sur vous.

3 commentaires:

  1. A lire votre prose, je ne crois pas que vous ayez beaucoup de stress à subir, bien au contraire... :)

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  2. Un excellent début ! J'espère bien que cela va continuer !

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  3. Apparemment vous avez tout ce qu'il faut pour vous lancer tranquillement, ne vous en faites pas, si vous n'avez pas de trolls a la cave c'est tant mieux et si vous en avez c'est tres bon signe.

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Bienvenue dans ma taule. Ici on parle parfois fort, mais toujours bien, et la courtoisie comme l'amitié sont bien perçues. On essaie aussi de ne pas tomber sous le coup de la loi même si c'est tentant.
Repos, vous pouvez fumer.